On distingue
souvent, parmi les conteurs
Ceux qui ont eu un grand-père ou
une grand-mère qui leur racontait des histoires, leur
transmettant ainsi un répertoire et une tradition orale ;
Et
puis les autres, ceux qui ne sont pas tombés dans le
chaudron quand ils étaient petits, mais qui ont croisé des histoires sur leur
chemin, et se sont mis à les cueillir... Parmi ceux-là, on dit même que certains se sont pris de passion pour le jardinage, et, de croisement en bouturage, ont inventé de nouveaux récits !
Moi, je n'ai pas eu
d'aïeulE qui contait... mais j'ai un père qui nous
régalait inlassablement de blagues, d'histoires absurdes,
d'aventures qui lui étaient arrivées ou qu'il avait
entendu ; qui savait tenir son public en haleine, surtout en fin de
soirée autour d'un verre de poire ou d'une soupe à l'oignon ;
mais qui s'arrêtait aussi parfois avant la chûte de son histoire,
en riant parce qu'il l'avait oubliée, mais qu'il se rappelait qu'elle
était drôle ! Alors, là, d'abord timidement, puis
de plus en plus assurée, je prenais la relève,
finissant son histoire, puis en racontant d'autres...
C'est ainsi que j'ai plongé dans l'oralité !
Et puis, un
parcours personnel, à la fois universitaire et professionnel,
dans le domaine des sciences humaines et sociales, des sciences du
langage, de l'animation socio-culturelle. Et toujours, une tendance à
dévorer livres, bd, films, tout ce qui permet de s'évader
du réel, tout en s'y plongeant autrement... par le biais des
histoires !
Pendant mes études, je rencontre "ma première conteuse"*, celle qui m'ouvre la porte de cet univers incroyable. Cette première histoire entendue me touche profondément, et m'accompagne pendant plusieurs années. Jusqu'au jour où je décide d'essayer, moi aussi, de lui prêter ma voix ! Je participe alors à un atelier de narration orale à Barcelone, et saisis toutes les occasions de conter cette histoire, puis d'autres (arrières-salles
de bars barcelonais, soirées conviviales, festivals organisés
par des amis).
Puis, lors d'un volontariat dans l'Allier, je fais un voyage à la rencontre des
habitants, inspiré de l'histoire de "Jean les sabots légers" (ce fameux premier conte entendu "en vrai", qui sera également la base de mon premier spectacle). Cette aventure donnera naissance à un carnet de route intitulé "A pied dans
l'Allier, rencontre avec une Terre et des Hommes", publié en 2004 (Ed des Figures & des Lieux).
En 2007, je crée mon premier spectacle
« Jean aux
sabots de vent », accompagné par Olivier Philippson à
l'accordéon, et joué pour la première fois au festival « Folie ! Les mots »
dans le Limousin.
A partir de là,
tout s'accélère : le public accueille cette histoire
avec chaleur, et nous encourage à continuer ; je participe
alors à une scène ouverte pendant le festival Paroles
de conteurs à Vassivière, où plusieurs personnes
se montrent intéressées par mon travail. Quelques
essais encore, et je décide de me lancer !
En parallèle, je rencontre le crieur public de la Croix
Rousse à Lyon, et l'idée de prêter ma voix
aux messages de tout un chacun résonne et grandit en moi ; je décide alors de suivre une formation aux métiers de crieur public (si, si, ça existe !), pour trouver ma manière d'aller à la rencontre des gens dans leur
vie quotidienne, pour les écouter, leur donner la parole, et la transmettre...
Voilà comment l'idée m'est venu de devenir
« COLPORTEUSE DE MOTS » !
Car si je n'ai pas
d'aïeulE qui m'ait transmis un répertoire, j'ai l'intime
conviction que finalement, les
histoires sont partout, et surtout, en chacun de nous...
Pour les entendre,
il suffit de faire silence, d'écouter, et de laisser
jaillir...
* Gin Candotti-Besson, conteuse en pays d'Aix et de Vaucluse